Arrêts cardiaques au travail : pourquoi chaque minute compte

On parle beaucoup de bien‑être au travail, trop peu des quelques minutes qui séparent un malaise banal d'un drame. Former de vrais sauveteurs secouristes du travail n'est pas un gadget réglementaire : c'est la seule réponse sérieuse au risque d'arrêt cardiaque en entreprise, encore largement sous‑estimé en France.

La statistique qui dérange : l'arrêt cardiaque n'épargne pas l'entreprise

Selon les données citées par l'Fédération Française de Cardiologie, l'arrêt cardiaque extrahospitalier touche chaque année des dizaines de milliers de personnes en France. Une partie non négligeable survient sur le lieu de travail, souvent devant des collègues impuissants, faute de formation SST réelle et opérationnelle.

Dans une PME industrielle, un open space de services, un atelier logistique, la scène est toujours la même : un salarié s'effondre, quelqu'un crie « appelez les secours », tout le monde tourne en rond, personne n'ose commencer le massage cardiaque. C'est cette paralysie que la formation SST vise à briser.

Pourquoi chaque minute est décisive

En cas d'arrêt cardiaque, la règle est brutale : on perd environ 10 % de chances de survie par minute sans geste de réanimation ni défibrillateur. Passé dix minutes, les séquelles sont souvent irréversibles, quand ce n'est pas le décès.

Le trio gagnant : alerter, masser, défibriller

Dans la pratique, un SST correctement formé sait :

  • reconnaître très vite l'inconscience et l'absence de respiration normale ;
  • déclencher les secours sans perdre de temps, en donnant les bonnes informations ;
  • oser commencer un massage cardiaque efficace, même sous le regard hébété des collègues ;
  • mettre en œuvre un défibrillateur automatisé externe (DAE) sans attendre les secours.

On est loin du petit « module secourisme » survolé en e‑learning. Ici, ce sont des gestes répétés, des mises en situation réalistes, des scénarios anxiogènes volontairement travaillés pour que, le jour J, le SST ne soit pas sidéré.

Le paradoxe français : des obligations claires, des entreprises encore passives

Le Code du travail est pourtant clair : l'employeur doit organiser les premiers secours dans l'entreprise, avec des salariés formés et du matériel adapté. L'INRS fournit des repères précis sur le rôle du sauveteur secouriste du travail et les quotas recommandés.

Sur le terrain, on croise tout autre chose : un ou deux salariés formés « parce qu'il faut bien », une armoire à pharmacie poussiéreuse, un DAE jamais testé. Les dirigeants savent confusément qu'ils sont en défaut, mais repoussent le sujet à plus tard, pris dans le quotidien.

L'angle mort du risque réel

Le problème n'est pas tant juridique que culturel. Beaucoup de structures :

  • surestiment la présence rassurante des pompiers proches, oubliant que le temps d'arrivée reste souvent supérieur à 8 minutes ;
  • minimisent les risques en tertiaire (« on n'est pas une usine chimique ») ;
  • confondent affichage réglementaire et organisation de secours réellement opérationnelle.

C'est précisément pour cela qu'un audit de vos risques, en amont de toute formation, change la donne. Il oblige à regarder la réalité en face : nature des activités, répartition des postes, horaires décalés, travail isolé, configuration des locaux.

Former des SST qui sauvent vraiment, pas des figurants

Une formation SST utile ne se limite pas à cocher une case dans un tableur. Elle doit faire émerger, dans chaque équipe, des personnes capables d'assumer ce rôle en pleine conscience.

Des exercices ancrés dans votre quotidien

Lors d'une formation organisée dans un entrepôt logistique d'Île‑de‑France, nous avons par exemple simulé un arrêt cardiaque dans une allée étroite, chariot en travers, lumière moyenne, bruit de fond important. Le premier réflexe des stagiaires a été de déplacer la victime « pour être plus à l'aise »… exactement ce qu'il ne faut pas faire.

À force de débriefings francs et de répétitions, les mêmes stagiaires ont fini par intégrer que l'espace « imparfait » ne justifiait ni la perte de temps, ni la mise en danger supplémentaire. Ce type de déclic ne naît pas dans une salle de réunion standardisée ; il naît au contact de vos espaces réels.

Mettre en place une chaîne de secours interne

Former des individus ne suffit pas. Il faut organiser la chaîne de secours :

  • cartographie des SST par zone et par horaire (y compris nuit et week‑end) ;
  • procédure claire de diffusion de l'alerte interne ;
  • emplacement des DAE et vérification régulière ;
  • mise à jour des numéros d'urgence et des consignes.

C'est tout l'objet d'une démarche de mise en conformité en plusieurs étapes : audit, formation initiale, puis formation de révision MAC SST pour maintenir le niveau.

Le rôle du DAE : un outil simple, trop souvent sacralisé

Le défibrillateur n'est plus cet objet mystérieux d'il y a quinze ans. Les DAE modernes guident vocalement l'intervenant, analysent le rythme cardiaque et décident eux‑mêmes de la délivrance du choc.

Pourtant, dans bien des entreprises, ils restent enfermés dans une armoire vitrée, intouchables. Lors des formations, on entend encore : « j'ai peur de mal faire », « et si je prends un risque légal ? ». C'est un contre‑sens : ne rien faire est bien plus risqué, y compris pour la responsabilité de l'employeur.

L'INRS comme le ministère du Travail rappellent que tout témoin peut utiliser un défibrillateur, sans certification spécifique. Former vos salariés à ces gestes, c'est surtout lever cette peur paralysante qui fait perdre des minutes précieuses. Vous pouvez consulter à ce sujet les ressources de l'INRS.

Arrêts cardiaques et télétravail : le faux sentiment de sécurité

Depuis la généralisation du télétravail, beaucoup de dirigeants se rassurent : « les gens sont chez eux, le risque m'échappe ». Ce confort est trompeur. Un arrêt cardiaque en visioconférence, devant des collègues qui ne savent pas quoi faire, n'a rien de théorique.

Un SST bien formé sait aussi :

  • repérer des signes inquiétants chez un collègue à distance (perte de contact, écran figé, propos incohérents) ;
  • déclencher une alerte géolocalisée en se coordonnant avec la famille ou le voisinage ;
  • garder son sang‑froid pour guider des témoins non formés.

Former vos équipes à ces scénarios hybrides fait partie d'une prévention moderne, adaptée à la réalité des entreprises françaises, pas à un modèle de bureau des années 1990.

Comment intégrer le risque d'arrêt cardiaque dans votre stratégie SST

Concrètement, intégrer ce risque à votre politique de prévention suppose quelques décisions claires :

  1. fixer un objectif de ratio SST / effectif par zone de travail, au‑delà du minimum réglementaire ;
  2. positionner les DAE en fonction des flux réels, pas uniquement des plans d'architecte ;
  3. planifier les formations et recyclages sur 3 ans, avec un budget lissé ;
  4. prévoir des rappels pratiques réguliers lors de causeries sécurité ou de journées QVT.

C'est là que l'accompagnement par un organisme de formation SST spécialisé prend du sens : analyse de vos risques, scénarios sur‑mesure, formateurs issus du terrain (pompiers, infirmiers, maîtres‑nageurs sauveteurs…), et surtout un discours suffisamment direct pour bousculer les habitudes.

Un sujet inconfortable, mais non négociable

Parler de mort au travail, d'arrêt cardiaque, d'échec possible des secours, ce n'est jamais agréable. Mais fermer les yeux n'a jamais protégé personne. Les entreprises qui ont structuré une vraie culture secouriste le savent : on ne mesure pas seulement des statistiques, on mesure un climat, une capacité collective à faire face.

Si vous sentez que votre organisation n'est pas prête, c'est probablement le bon moment pour enclencher une démarche structurée : audit de vos besoins, plan de formation, puis déploiement sur vos sites, qu'ils soient en Île‑de‑France ou en région. Commencez simplement par demander un devis gratuit ou explorer vos zones d'intervention possibles. Le reste, honnêtement, se joue en quelques minutes le jour où tout bascule.

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